Créer du commun

Le Cercle Raymond-Badiou a traité de la manière dont la culture transforme la ville lors d’une réunion organisée à l’occasion du nouvel opéra urbain de la compagnie La Machine, Le Gardien du Temple. Plusieurs intervenants ont partagé leurs expériences sur le rôle de la culture dans le développement urbain.

Karine Daniel souligne la nécessité d’un soutien permanent aux structures culturelles au-delà de la seule organisation d’événements. Elle met en avant des exemples de transformation urbaine par l’art, comme le Guggenheim de Bilbao et les machines de l’Île de Nantes. Elle défend l’idée d’un nouveau modèle pour un financement plus durable des interventions artistiques.

Claude Raynal décrit comment il a utilisé la culture pour revitaliser une commune de banlieue et attirer des artistes qui quittaient la ville-centre. Il met en garde contre les coupes budgétaires qui menacent ce secteur.

Éric Vanelle aborde la difficulté de maintenir des structures culturelles comme le théâtre du Grand-Rond, en soulignant le rôle crucial des aides publiques pour la production et la diffusion artistiques.

Jean-Baptiste Steil explique l’intérêt de définir une stratégie visant à construire une culture commune. Il donne des exemples de créations artistiques dans des moments de crise ou de transformation sociale.

En somme, la culture, à travers des initiatives artistiques variées, façonne l’identité urbaine, renforce la cohésion sociale et peut transformer en profondeur l’image et la structure des villes.


Vendredi 25 octobre 2024, à l’occasion du nouvel opéra urbain de la compagnie La Machine, Le Gardien du Temple, le Cercle Raymond-Badiou se réunissait pour évoquer les façons dont la culture peut transformer la ville.

Après avoir remercié pour leur accueil, Jean-François Laffont, président de l’Ostal d’Occitània – Maison de l’Occitanie, et Florence Ginisty, présidente de l’association Nos conversations, ainsi que Rémy Pech, président de l’association des Amis de Jean Jaurès à Toulouse, Hugues Bernard, président du Cercle Raymond-Badiou, rappelle les objectifs fondateurs de ce rassemblement : alimenter la réflexion de la gauche, encourager la démocratie locale et changer la ville en s’inspirant de la figure du maire socialiste de la Libération. La parole est donnée à trois personnalités : Éric Vanelle, membre du théâtre du Grand-Rond, qui accueillit la première réunion du Cercle Raymond-Badiou ; Claude Raynal, sénateur et président de la commission des finances du Sénat, élu à Tournefeuille qui a su maintenir la présence dans la métropole de compagnies artistiques qui avaient pris pour habitude de quitter Toulouse et convaincre un concurrent politique de poursuivre le projet de La Machine à Toulouse ; Karine Daniel, élue nationale engagée, économiste qui fait le lien entre culture, créativité et identité.

Karine Daniel rappelle, après le propos introductif de Jean-François Laffont, président de l’Ostal d’Occitània, que la culture est diverse et qu’elle inclut notamment la question de la langue. Sénatrice, elle veille à l’application de la loi du 21 mai 2021, de son collègue Paul Paul Molac, relative à la protection patrimoniale des langues régionales. S’appuyant sur l’expérience de La Machine dont elle est administratrice, Karine Daniel défend l’objectif d’offrir aux compagnies de spectacles de rue un cadre pérenne, consciente de la difficulté de faire vivre de telles structures toute l’année en dehors des temps des parades ou des spectacles. Au Sénat, elle est membre de la commission de la culture et rapporteure pour avis des crédits des programmes création et transmission des savoirs et démocratisation de la culture. Aussi insiste-t-elle sur l’importance de soutenir les artistes, un enjeu d’autant plus essentiel que se pose la question de l’annulation de certains spectacles et de la censure sous-jacente.

Elle évoque l’image de certaines villes attachée à une figure d’artiste, qu’elle soit « officielle » ou transgressive : Barcelone et Antoni Gaudí, New York et Jean-Michel Basquiat ou encore Amsterdam et Bansky… Certaines villes ont investi fortement dans l’art pour leur développement : la Walker Art Gallery à Liverpool ou le Guggenheim à Bilbao dessiné par Frank Gehry. À Nantes, Karine Daniel rappelle qu’elle est associée à la revitalisation d’une friche urbaine à travers notamment le projet de l’Arbre aux Hérons imaginé et porté par François Delaroziere et Pierre Orefice, coauteurs des machines de l’Île de Nantes. Toutefois, aujourd’hui, il est plus difficile de profiter des opportunités offertes par des transitions urbaines du fait des tensions qui pèsent sur le foncier, nées des nouvelles politiques de densification urbaine et de transition écologique. Mais une ville accueillante est une ville où les habitants peuvent partager des moments et des espaces communs. Si les grands événements, comme celui de l’opéra urbain proposé ces jours-ci, accueillent des spectateurs étrangers, ils s’adressent d’abord aux habitants d’une agglomération, à un très large public par leur gratuité et leur investissement de l’espace public. Au-delà de la seule performance, les artistes montrent leur savoir-faire. Les ateliers de fabrication de La Machine par exemple représentent un enjeu pour la formation à des métiers très techniques et des relations avec leur environnement industriel. L’exemple du cheval mécanique qui surfait sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris 2024 témoigne de cette excellence technique. Il a été conçu dans l’atelier Blam, créé et dirigé par Aurélien Meyer, un ancien de La Machine.

Le 1 % artistique, commande ou achat d’œuvre par le commanditaire d’un bâtiment public, représente un soutien indéniable pour le secteur en difficulté des arts plastiques. La difficulté se concentre parfois sur l’entretien de ce patrimoine artistique. A propos des festivals, elle souligne le problème structurel de leur financement. Les scènes conventionnées représentent également une part importante du financement de la création et de la diffusion du spectacle vivant. Celles-ci favorisent tout un écosystème à ne pas négliger. Mais créer une œuvre, dont on ne connaît pas à l’avance le succès, a un coût. Aussi l’aide à la création doit-elle échapper au seul calcul de rentabilité. L’enjeu du soutien à la culture et à la vie associative n’est-il pas un enjeu politique au sens large, celui de créer du commun et des espaces d’un dialogue apaisé ?

Claude Raynal revient sur les nombreuses initiatives qu’il a prises en s’appuyant sur la culture pour faire vivre une ville de banlieue prospère, une ville à la campagne, qui n’avait aucun plan de développement. Fort de l’engagement à ses côtés d’une collègue élue, Dany Buys, et du professionnalisme d’un directeur des affaires culturelles, François Lajuzan, et de ses services, il décide de bâtir la ville autour d’une vie culturelle intense, à une époque où Toulouse était elle-même peu réceptive à l’innovation culturelle. Des acteurs culturels ont été profondément déçus à l’exemple de la compagnie Royal de Luxe, fondée à Toulouse par Jean-Luc Courcoult, qui est allée trouver refuge à Nantes. Tournefeuille ou Ramonville ont alors accueilli les artistes qui partaient de la ville-centre. Les départs vers Tournefeuille ont été nombreux : Marionnettissimo, Cuba Hoy, l’orchestre de chambre de Toulouse, L’Usine ou encore Le Grenier de Toulouse. La situation a pu être parfois compliquée, Tournefeuille ayant des moyens financiers largement inférieurs à ceux de Toulouse. Cette fragilité a pu être à l’origine d’incompréhensions avec le monde culturel notamment lors de renouvellements ou de changements des équipes. Convaincu que la culture est une richesse, Claude Raynal n’a jamais regretté ses choix et parle avec émotion de l’ambiance festive et du sens de l’ouverture aux autres que le spectacle de rue provoque, quand, par exemple, tout un quartier se retrouve dans la rue. Il attire l’attention sur la question du renouvellement des spectacles pour éviter qu’ils ne s’institutionnalisent. La culture, pour lui, c’est le mouvement. Dernier sujet, la tension budgétaire. Des coupes peuvent être décidées rapidement notamment dans le domaine culturel. Aussi faut-il veiller à ce que les arbitrages préservent des équilibres. Et ce qui apparait trop vite comme non essentiel peut représenter en fait un sacrifice trop significatif. Il y a des choses moins utiles que la culture.

Eric Vanelle rappelle que le secteur de la culture accueille beaucoup de monde, à l’exemple du théâtre du Grand-Rond malgré de faibles moyens. Cette petite structure de 120 places participe, toutefois, aux côtés de structures plus structurantes, les scènes conventionnées, à un même écosystème. Il alerte sur la baisse des aides publiques qui met en péril sa propre saison 2025-2026 et n’épargne aucun professionnel. Il salue le dispositif des arts de la scène mis en place par la Région Occitanie et accessible à bien des petites structures qui maillent le territoire régional et font preuve de créativité. Il interroge alors le modèle hérité de Malraux de rendre accessible les grandes œuvres. Face à l’évidence que la culture nécessite un investissement durable et au-delà des manifestations événementielles, il recommande de consolider, dans leur diversité, les actuelles scènes.

Le lendemain, samedi 26 octobre, le Cercle Raymond Badiou donnait la parole à Jean-Baptiste Steil qui proposait une mise à distance du sujet des arts de la rue.

Jean-Baptiste Steil, directeur du Centre culturel Les arts de lire à Lagrasse, interroge la justification des dépenses culturelles sous l’angle de l’économie et de la question du vivre ensemble. Il pense en préambule que la culture est un concept mal défini. Pour lui, la création artistique comprend à la fois les langues, la gastronomie, les jeux vidéo et toutes les nouvelles formes d’art. Les artistes sont des artisans exigeants qui ne sont pas dépositaires de la culture. C’est un chantier collectif qui a la capacité de transformer la ville et à étendre le champ des possibles. La création artistique urbaine contribue, parfois, à tisser des liens. Elle s’inscrit dans un contexte nouveau et doit s’accommoder aujourd’hui de conditions sécuritaires drastiques suite aux attentats terroristes et à la crise sanitaire. L’art dans l’espace public se réalise en dehors des lieux habituellement dédiés à l’art comme les théâtres, les galeries ou les salles de spectacles. La notion de vivre ensemble ne raconte pas grand-chose.

Jean-Baptiste Steil propose quatre contributions. Tout d’abord, l’art dans l’espace public peut, selon lui, être le fondement d’une culture commune comme lors de rites de passage. Il cite notamment le transfert au Panthéon des cendres des résistants Missak et Mélinée Manouchian où l’intervention artistique transforme l’événement. Il évoque aussi des rituels de réparation où l’intervention d’artistes permet de réinterpréter des événements dramatiques comme le tsunami de 2004 au Sri Lanka qui causa la mort de plus de 30 000 personnes. Il suggère ensuite que l’art dans l’espace public mette en récit des transformations de la ville, avec une part d’utopie. Ainsi, lors de l’inauguration de nouveaux équipements publics, tel le métro, ou d’un nouveau quartier, des artistes peuvent mettre en scène des zones de résistance. L’assouplissement du régime des contraintes est ainsi porté par la compagnie Générik Vapeur à Marseille. Les interventions dans l’espace public peuvent susciter le débat ou des controverses comme le spectacle Le Gardien du Temple qui représenterait un blasphème selon la droite catholique toulousaine. La commande publique n’oblige pas à être consensuel. Il existe un combat culturel contre l’extrême droite. Enfin, Jean-Baptiste Steil conclut sur la nature de l’apport de l’art. Les artistes peuvent inventer un récit, susciter la participation, imaginer une utopie, offrir des moments d’émancipation dans une société démocratique mais ils ne peuvent pas réparer une société malade.

Quand la culture transforme la ville

Le cercle Raymond Badiou vous invite à un rendez-vous le vendredi 25 octobre 2024 à partir de 19 h 30 à l’Ostal d’Occitània – la Maison de l’Occitanie (11, rue Malcousinat à Toulouse – à proximité de l’arrêt de métro Esquirol – ligne A) en partenariat avec l’association Nos Conversations sur le thème « comment la culture peut-elle transformer la ville ? » avec pour intervenants Karine Daniel, sénatrice de la Loire-Atlantique, membre de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport – rapporteure du budget création, transmission et démocratisation de la culture et administratrice de la Compagnie La Machine et Claude Raynal, sénateur de la Haute-Garonne et président de la commission des finances.

Le cercle Raymond Badiou vous propose un rebond le lendemain, samedi 26 octobre 2024, à partir de 10 h 00 au Vélo sentimental (12, boulevard Bonrepos à Toulouse – à proximité de l’arrêt de métro Matabiau Gare Sncf – ligne A) autour d’un café sur le même thème avec une introduction de Jean-Sébastien Steil, directeur de l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC) Les arts de lire de l’abbaye médiévale de Lagrasse.

Rendez-vous avec Pierre-Yves Péchoux

Au Bar du Matin à Toulouse – 14 juin 2024.

Pierre-Yves Péchoux raconte son parcours professionnel et personnel dans les années 1960, notamment sa première affectation en tant que professeur au lycée Clemenceau à Reims. Là, il a fait la connaissance d’Alain Badiou, alors jeune enseignant, et a intégré un groupe de jeunes professeurs, tous affectés à une classe difficile de première. Il décrit la solidarité au sein de ce groupe, le comparant à un kibboutz. Il évoque également son refus de travailler en Algérie à cause de la situation coloniale qu’il avait découverte durant un séjour de travail et de recherche en Tunisie.

Après deux ans d’enseignement, Pierre-Yves Péchoux exprime son épuisement et son souhait de quitter le lycée pour un poste d’assistant à l’université. Il raconte comment, grâce à son bon dossier académique, il a obtenu un poste à Toulouse, ville où il a rencontré Raymond Badiou, le père d’Alain, ancien maire de la ville et figure de la Résistance.

Pierre-Yves Péchoux aborde aussi ses réflexions politiques, son engagement anti-colonialiste, ses relations avec le Parti communiste français (PCF), ainsi que son intérêt pour l’écologie politique. Il se souvient de sa participation active dans les luttes sociales et des influences intellectuelles marquantes de cette période.


Pierre-Yves Pechoux, président de la Société de géographie de Toulouse – professeur agrégé de géographie – ancien expert du United Nations Development Programm – maître de conférences de l’université Toulouse.

J’ai rencontré Alain Badiou au lycée Clemenceau à Reims lors de ma première affectation. Nous étions à l’époque un petit groupe de professeurs qui étions rapprochés les uns des autres par notre jeune âge et notre expérience limitée….   Nous étions affectés comme débutants à la première M Prime qui était une classe de niveau concentrant les moins bons élèves. Nous formions un groupe uni entre un professeur de physique ulmien, une professeure de mathématiques  sévrienne, un professeur d’histoire-géographie cloutier et  quelques autres qui avaient simplement le CAPES, dont l’un s’exprimait avec un accent catalan qui surprenait les élèves. Dans ce groupe, nous avions intégré le professeur de gymnastique pour prendre en compte toutes les disciplines d’une classe qui n’était ni facile ni brillante. On a fonctionné un peu comme un kibboutz. On se retrouvait midi et soir à la cantine parce que, submergés par le travail, on n’avait pas le temps de faire la cuisine chez nous quand par hasard on avait un chez nous. Nous logions tous dans des chambres louées.  On avait décidé de travailler ensemble à améliorer cette première. Alain Badiou était proche de nous par l’âge et par l’origine alors qu’il n’y a pas de philosophie en première. On s’entendait bien. Notre travail et notre classe nous unissaient. Notre volonté était de répondre par des résultats aux autorités du lycée qui nous avaient affectés, bien que débutants,  à une classe difficile. Nos moyens étaient médiocres et nous faisions face à une équipe de trente-huit jeunes gens. Il n’y avait déjà pas assez de profs. J’étais arrivé comme le quatrième professeur d’histoire-géographie dans un établissement à qui il en avait été promis dix. Tous les autres étaient des remplaçants récupérés à droite à gauche. On voulait tenir nos élèves et on avait décidé pour cela qu’on déciderait aussi ensemble  de la façon dont le professeur de gymnastique conduirait ses cours. Alain Badiou partageait notre table. Nous ne croisions guère  les autres professeurs,  plus âgés que nous, car ils étaient en ménage. C’est pourquoi j’emploie le terme de kibboutz pour tous ceux de la M prime. 

J’étais arrivé au lycée en novembre 1962 avec du retard. Au  lendemain du jour où j’avais obtenu l’agrégation. Un membre du jury de l’agrégation m’avait affirmé que je devais enseigner en Algérie. A ses yeux, cela était la contrepartie de mon passage dans une grande école. Je me suis vivement opposé à cette perspective. J’avais déjà travaillé un an en Tunisie pour y préparer mes mémoires de diplôme d’études supérieures. En outre, j’avais un très bon camarade d’Ecole dont les parents, cultivateurs à Sainte-Barbe-du-Tlélat, à 27 km au sud-est d’Oran, m’avaient décrit la situation coloniale. Mon camarade m’avait expliqué comment en Algérie, dès le primaire, l’école était un instrument de discrimination. Je savais qu’au lycée c’était encore plus compliqué dans les préfectures d’Oran ou d’Alger. Je doutais de pouvoir enseigner histoire & géo comme mes maîtres me l’avaient appris…

Au cours de ma deuxième année au lycée Clemenceau à Reims, je commençais à en avoir marre du lycée. J’avais confié à mes anciens professeurs de la Sorbonne que je souhaitais devenir assistant dans le supérieur. A l’époque, il n’y avait pas de commission nationale pour évaluer les mérites et les compétences des candidats à un poste d’assistant. C’était la réputation qui tenait lieu de viatique. Assez bon étudiant et reçu à l’agrégation, j’avais fait l’effort qui était rare à l’époque d’aller travailler en Tunisie pour bâtir mes deux mémoires de diplôme. Par la suite, miraculeusement, un conclave de la Sorbonne réunissant le doyen et quelques proches, m’avait attribué le prix destiné à un bon étudiant qui avait fait un bon travail. Ce prix fondé avec la fortune d’un professeur qui avait étudié le Chine à la fin du XIXe siècle n’était pas prestigieux mais il a complété le tableau pour améliorer ma présentation. J’ai appris un peu plus tard, quand j’avais commencé à faire savoir que je souhaitais devenir assistant, que des parisiens avaient consulté quelques professeurs de géographie en province qui ne voyaient pas d’objection à ce que je sois invité quelque part. Un poste d’assistant, ce n’est que pour 3 à 4 années pendant lesquelles il faut faire ses preuves… J’ai été reçu à Aix-en-Provence et alors que je m’apprêtais à m’y rendre, je reçus un message venant de la Fac de lettres, rue Albert Lautmann, me signalant que je pouvais être assistant à Toulouse, ajoutant que c’était « à prendre ou à laisser ». Je ne m’étais rendu qu’une seule fois à Toulouse lors d’une correspondance à la gare Matabiau. Je rappellais Alain Badiou, car je savais qu’il était toulousain même s’il n’en avait pas du tout l’accent. Il est vrai qu’il était né à Rabat. Il m’encouragea à me présenter à son père. Le papa aurait répondu « envoie-moi ton copain, on déjeunera ensemble à la maison. » Je suis allé à la Côte Pavée après avoir rencontré mes futurs collègues qui m’avaient, rue Lautmann , posé trois questions en observant mes fringues et en vérifiant que je ne fumais pas. Ce dernier détail constituait le défaut le plus condamnable pour ces éminents professeurs.

C’est ainsi que j’ai rencontré Raymond Badiou. Je savais que c’était un grand bonhomme puisqu’il avait été choisi par les caciques de la Résistance pour prendre la place de maire de la commune. D’autre part, je connaissais le personnage car il était parfois mentionné dans un des rares médias de l’époque qui se mobilisaient contre la guerre en Algérie, à savoir L’Express. On croyait le connaître comme étant quelqu’un qui partageait nos combats de jeunes professeurs anticolonialistes. J’ai dû lui poser quelques questions sur Toulouse et il m’a certainement dit que c’était une ville vivable. 

De toutes façons, je voulais sortir de Reims où je turbinais trop. Statutairement, je devais donner 17 heures de cours par semaine au lycée mais le proviseur m’avait refilé jusqu’à 26 heures et demie,  avec des classes qui avaient été traitées au coup par coup par des professeurs différents. J’avais eu affaire à la fois jusqu’à quatre premières, dont  aucune n’en était au même stade d’avancement du programme de première. Et à d’autres, de la quatrième à la seconde… Préparations, interrogations écrites et orales, corrections : c’était harassant. Je ne faisais que ça et je lisais un peu le journal :  Le Monde -que j’avais appris à lire dès l’hypokhâgne, puis à acheter alternativement avec mon cothurne dès l’après-midi sur le boulevard Saint-Michel – et L’Express. Hors du lycée et en plus du labeur de préparation des cours, j’allais garder la Bourse du travail qui était menacée par les fachos du l’OAS. Car Les syndicats n’avaient pas assez de monde pour s’y  relayer. et nous leur prêtions main  forte.

Arrivé à Toulouse, j’ai retrouvé Raymond Badiou pour le solliciter. Bien que je fusse le plus récent, le moins toulousain et le plus étranger, mes collègues m’avaient affecté à la rédaction d’un texte sur Toulouse pour une édition de Notes et Etudes documentaires des éditions de la Documentation française.  Je ne sais plus si l’ancien maire m’a beacoup aidé, mais j’ai  gardé  l’image d’un bonhomme sympathique que j’admirais car il avait réussi quand il était maire de la ville à la réparer, la moderniser et à faire ses cours de mathématiques en classe préparatoire. 

A l’Ecole, nous avions Le Populaire, L’Huma, Franc-Tireur, L’Aurore et Le Figaro qu’elle recevait pour nous, les élèves. Avant et après les repas, on jetait un coup d’œil à toute cette presse et on se faisait notre opinion.  Le Monde que nous achetions pour nous,  nous le gardions dans notre chambre. J’étais de gauche et à l’Ecole je me sentais plus proche des communistes que des socialistes. Robert Lacoste, au ministère de l’Algérie, et Guy Mollet, à la présidence du Conseil des ministres, avaient définitivement discrédité les socialistes. J’avais été invité à une réunion de reprise de cartes à la section du PCF de Seine-et-Oise, dont Saint-Cloud dépendait. Georges Marchais était chargé de représenter sa direction et de répondre aux questions de mes camarades. La façon dont il n’a répondu à aucune m’a découragé. J’ai parfois tracté et défilé avec les jeunes communistes. Quand un copain était pris à coller des affiches par les flics ou la mairie réactionnaire de Saint-Cloud, on payait tous son amende. C’était beaucoup par rapport à nos traitements de fonctionnaires stagiaires, mais nous étions tous solidaires.

Par la suite, à une époque où je travaillais à Chypre, j’ai demandé à mon père de voter à ma place pour René Dumont en 1974. Je ne m’étais pas contenté d’aller suivre mes cours à l’Ecole, à l’Institut de géographie et en histoire à la Sorbonne. Quand je découvrais des sujets  intéressants,  j’allais aussi à l’Institut d’études politiques ou à l’Institut national agronomique Paris-Grignon. C’est là que j’ai entendu ce précurseur de l’écologie politique. Pour l’agrégation, nous devions étudier, en plus de la France, de l’Algérie du Maroc et de la Tunisie un paquet d’états extérieurs, notamment.   toute l’Amérique andine du Vénézuéla à la Patagonie. A l’oral j’avais été interrogé sur le Chili central qui était, à me yeux, la partie le plus simple pour le Chili !

Pourquoi un cercle Raymond Badiou ?

Pourquoi un cercle Raymond Badiou à Toulouse est-il plus que jamais à l’ordre du jour ?

La menace de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite est depuis le 9 juin 2024 à 20 h devenue effective avec le résultat de l’élection au Parlement européen et la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale.

La gauche réagit en affirmant dès le lendemain sa volonté de s’opposer dans l’unité à cette perspective cauchemardesque. Mais elle est affaiblie (son score global est à peine équivalent à celui du principal parti d’extrême droite) et malgré la volonté unitaire, traversée pas divisions et contradictions.

Il est certes urgent de lutter, de se dresser contre l’inacceptable, mais aussi de réfléchir :

  • Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les responsabilités de la gauche en l’occurrence ? 
  • Comment, au-delà de la perspective encore floue d’un retour au pouvoir, proposer aux citoyens des solutions crédibles à leurs besoins insatisfaits, à leurs indignations sans débouché, à leur mal-être ?

Se placer sous le patronage de Raymond Badiou (1905-1996) peut surprendre, tant sa mémoire dans la ville qu’il a administrée pendant 14 ans (1944-1958) a été estompée, voire occultée. Une telle démarche est pourtant pleinement pertinente.

Issu de parents instituteurs, lui-même normalien et enseignant de grande valeur, il a manifesté un attachement constant à l’éducation, à la laïcité, à la réduction des inégalités par la diffusion de la connaissance et par le progrès social.

Très courageux résistant, il dut prendre le maquis et suppléer Raymond Naves comme leader de la Résistance toulousaine après son arrestation en février 1944, puis comme maire désigné à Libération en août de la même année.

Il se distingua aussitôt en proposant dès son accession au pouvoir municipal la prise en régie des services publics et une gestion audacieuse de éléments dominants du secteur privé.

Il mit en œuvre un urbanisme rationnel, limitant l’extension du bâti pour mieux établir les infrastructures, et privilégiant délibérément l’habitat social.

Il manifesta son attention au patrimoine en signalant dès 1946 par des inscriptions gravées dans la pierre un grand nombre de monuments toulousains, préfigurant ainsi la vocation touristique de notre ville.

Partisan convaincu de l’unité de la gauche, il lutta contre le colonialisme, il  interrompit son mandat pour, en 1958 désavouer les dérives du parti socialiste et  s’opposer au changement de république dans la mesure où celui-ci menaçait la démocratie. Redevenu simple militant, il œuvra  inlassablement pour la renaissance, dans l’unité  d’une gauche responsable.

Rémy Pech, professeur émérite d’histoire contemporaine et ancien président de l’université de l’Université Toulouse-II Le Mirail.

La gratuité des transports publics

La gratuité des transports publics : une fausse bonne idée

Le socialisme, à fur et à mesure de pertes électorales et de recherche permanente du gimmick qui lui permettrait de gagner des élections, a trouvé une nouvelle religion : la gratuité. C’est le cas pour les transports, objet du présent article, ou encore pour le revenu universel. Cette culture politique se résume par la phrase : “Qu’est-ce qu’il faut promettre pour gagner ?” En réalité, ni le revenu universel ni la gratuité des transports publics ne sont de bonnes idées, et pire encore, ce ne sont pas des idées socialistes.

Les ressources publiques sont limitées et la dette de la France ne cesse de croître, avec, en corollaire, les intérêts que la France paie chaque année, qui sont déjà gigantesques. La gauche, dans ces conditions, doit conjuguer deux impératifs : mener une politique de gauche ambitieuse et conséquente, mais aussi permettre à la France de se désendetter pour payer moins d’intérêts tous les ans et ainsi recouvrer une capacité d’investir plus en France.

Dans un monde où les ressources sont limitées, faire le choix de la gratuité implique de ne pas mener d’autres projets de gauche. Les ressources sont limitées, et des choix doivent être faits. L’impossibilité budgétaire en soi devrait déjà exclure l’idée de gratuité, mais ce n’est pas la seule raison. En réalité, les gens utilisent les transports quand ils sont disponibles ; c’est une évidence particulièrement bien connue de ceux qui habitent en zones rurales. Celles-ci sont peu ou mal desservies et la voiture y est obligatoire. La gratuité des transports dans les villes serait un privilège supplémentaire accordé aux urbains au détriment du monde rural. Au lieu d’accepter que les revenus issus des prix de transport disparaissent, une politique de gauche consisterait à investir massivement pour rendre les transports publics toujours plus accessibles à un plus grand nombre de personnes. Les politiciens qui prétendent qu’on peut améliorer fortement l’accessibilité du réseau tout en le rendant gratuit vous mènent en bateau.

Dans la plupart des villes, à l’exception de Paris, il y a entre 0 et 3 lignes de métro. Toulouse est par exemple en train de construire sa troisième ligne de métro, ce qui représente un effort financier conséquent pour la ville. Rendre les transports publics gratuits poserait une difficulté supplémentaire pour les budgets des villes. Un budget réduit signifie inévitablement moins d’investissements.

C’est un autre problème, car, en réalité, le critère numéro un pour que les gens choisissent les transports en commun plutôt que la voiture est la qualité et la régularité du transport public. Pour encourager plus de personnes à utiliser les transports publics, il faut construire plus de métros, plus de tramways et augmenter la fréquence de tous les modes de transport. Des revenus moindres se traduiront inéluctablement par moins d’investissements, et donc une utilisation moins importante des transports publics.

Dans le même temps, l’idée de gratuité des transports met l’accent sur une valeur cruciale pour la gauche, l’accessibilité. Or, ici, la gratuité n’est pas indispensable. Comme d’habitude, dans un monde où les ressources sont limitées, être de gauche signifie faire le choix de la redistribution. Le prix des transports doit s’adapter aux revenus de chaque personne. Il doit être gratuit pour certains, peu cher pour d’autres, plus conséquent pour les gens qui peuvent se le permettre, tout en restant systématiquement moins cher que le prix de la voiture. Un exemple : les transports publics devraient être gratuits pour les moins de 18 ans, afin de les habituer à utiliser les transports publics et d’éviter que leurs parents les conduisent systématiquement.

Un autre atout de la gratuité est la simplicité. Ce n’est pas sans importance, car présenter des documents, aller au guichet et faire la queue peuvent être frustrants. La France souffre de ses dossiers administratifs répétitifs. La gratuité résout ce problème. Mais ça n’est pas le seul moyen : avec un peu d’organisation, c’est tout à fait possible. La carte de transport public pourrait être nationale et envoyée automatiquement à chaque personne (et pourquoi pas aux parents dès la naissance). Évidemment, la centralisation ne signifie pas que les tarifs seront les mêmes pour tous : les tarifs, en plus d’être progressifs, dépendront également du niveau d’accessibilité des transports publics de l’endroit où ils sont principalement utilisés. Dans les zones rurales avec des transports publics peu développés, on paiera moins qu’à Paris.

Le tarif pourrait se baser sur la déclaration d’impôts des contribuables et être payé simplement et efficacement en ligne avec la déclaration d’impôts pour les contribuables. Les guichets, dans ce cas, seraient principalement destinés à résoudre des problèmes ou aux touristes. Aujourd’hui, avec l’état de la technologie, rien n’empêche de simplifier grandement la bureaucratie des transports publics tout en conservant les ressources provenant des titres de transport. 

Avec le réchauffement climatique, pour encourager l’utilisation des transports publics, il faudrait envisager l’option d’un abonnement obligatoire au service de transports publics pour chaque personne résidant en France (ce système pourrait être généralisé au niveau européen). Abonnement automatique, avec un paiement automatique, qui ouvrirait l’accès aux transports publics partout sur le territoire national (ou même européen). Cela présente l’avantage d’encourager l’utilisation des transports publics (réduisant ainsi la pollution) et d’augmenter le budget des transports publics, ce qui permettrait d’investir davantage et de convaincre plus d’utilisateurs.

Une politique de gauche consiste à faire le maximum pour ceux qui en ont besoin. En gaspillant des ressources, nous perdons la capacité de mener d’autres projets. Être de gauche, c’est investir massivement là où il le faut, dans un transport public de qualité, oui, mais aussi dans de nombreuses autres politiques. Et cela implique nécessairement une augmentation conséquente des impôts, afin d’atteindre ces objectifs et ne pas handicaper l’économie. Une politique de gauche responsable parvient cependant à maintenir cette augmentation aussi réduite que possible. Le résultat en vaut la peine.

Omri Schwartz, doctorant en droit fiscal.

Retour sur le 10 juin

Table ronde – lundi 10 juin 2024 – 18 h 00 – Salle Jean-Jaurès – Bourse du travail – Confédération générale du travail – 19, place Saint-Sernin – Toulouse

Intervenants :

Joël Carreiras, ingénieur de recherche, chargé d’enseignement à Sciences Po Toulouse.

Wulfran Despitch, fonctionnaire territorial, ancien vice-président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et ancien adjoint au maire de Dunkerque.

Jérôme Monamy, conseiller régional, membre des commissions urgence climatique et mobilités et infrastructures.

Thierry Suaud, maire de Portet-sur-Garonne, conseiller départemental, président du syndicat départemental d’énergie de Haute-Garonne, membre du comité syndical Tisséo collectivités.

Rendez-vous le 10 juin

Tarification des services publics : la gratuité est-elle la solution ?

Crédit photo : Siddhant Kumar.

Table ronde – lundi 10 juin 2024 – 18 h 00 – Salle Jean-Jaurès – Bourse du travail – Confédération générale du travail – 19, place Saint-Sernin – Toulouse

Intervenants :

Joël Carreiras, ingénieur de recherche, chargé d’enseignement à Sciences Po Toulouse.

Wulfran Despitch, fonctionnaire territorial, ancien vice-président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et ancien adjoint au maire de Dunkerque.

Jérôme Monamy, conseiller régional, membre des commissions urgence climatique et mobilités et infrastructures.

Thierry Suaud, maire de Portet-sur-Garonne, conseiller départemental, président du syndicat départemental d’énergie de Haute-Garonne, membre du comité syndical Tisséo collectivités.

Retour d’expérience sur la gratuité dans les transports en commun à Dunkerque.

Présentation de la tarification incitative et à l’usage de la Région Occitanie avec le compte mobilité pour les 18-26 ans et “Plus égale Moins” pour les 60 ans et plus.

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Parlementaires rééligibles ?

Le Monde – 03 novembre 1967

À la suite de la série d’articles sur “Le métier de député”, M. Raymond Badiou (P.S.U.), ancien député S.F.I.O. et ancien maire de Toulouse, nous écrit que les tares du parlementarisme étaient déjà visibles sous la Troisième République et plus encore sous la Quatrième. Il poursuit :

1) Le Parlement, dont l’activité se réduisait à la contestation et à la “démolition” des ministères, s’est montré incapable de mettre en œuvre une politique (par exemple en Tunisie, en Indochine) et n’a su, devant la crise algérienne, qu’abandonner ses pouvoirs au général de Gaulle ;

2) Le député, théoriquement ” législateur “, se comporte en fait comme une ” assistante sociale ” au profit des individus ou des collectivités mineures. Il songe essentiellement à sa réélection et s’incruste dans le ” métier “.

Il me semble que là se trouve la racine du mal : un Parlement devrait être non une assemblée “d’hommes de métier”, mais (comme un jury de cour d’assises) une réunion de citoyens, chargés par leurs compatriotes de trancher des questions importantes, mais générales et simples : par exemple : “Faut-il que le Plan prévoie une diminution de la durée du travail, ou une croissance plus rapide de la production ?” ; ou encore : “Faut-il autoriser la contraception ?” Pour répondre à ces questions, des députés, non rééligibles, devraient être désignés pour une durée assez brève. (Ils auraient naturellement la certitude de retrouver leur emploi en fin de mandat.)

Un tel système pourrait assurer un exercice correct de la démocratie dans une nation moderne.

En tout cas, au lieu de revenir constamment, comme elle le fait, à un régime dont les tares sont maintenant bien connues, la gauche ferait mieux d’étudier le problème des institutions avec un désir véritable de nouveauté et d’efficacité.

Retour sur le 6 mai

La Russie doit perdre

Les Ukrainiens ne se battent pas uniquement pour leur liberté, ils se battent aussi pour la liberté de l’Europe.

Une expression forte publiée dans Libération le jour du débat sur l’attitude des démocraties européennes face à un envahisseur.

Sébastien & Jeton

Voici un nouveau volume des pièces de théâtre de cet artiste majeur du Kosovo, Jeton Neziraj, que Sébastien Gricourt a eu l’honneur de traduire (et primé pour l’une d’entre elles), pour les éditions l’Espace d’un instant.

Le Projet Handke et Le Retour de Karl May, de Jeton Neziraj

Le Projet Handke est un pamphlet théâtral, avec Biljana Srbljanović à la dramaturgie, en guise de réponse des Balkans au prix Nobel décerné à Peter Handke, ce dernier ayant toujours nié ou minoré les crimes de Milošević en ex-Yougoslavie. Texte lauréat des Journées de Lyon des auteurs de théâtre 2024.

Le Retour de Karl May est une réponse similaire aux romans d’aventures coloniales de cet auteur allemand de la fin du XIXe siècle, très en vogue à l’époque, en forme de voyage initiatique d’une troupe kosovare à la rescousse d’un grand théâtre berlinois, à l’époque contemporaine – car la vision de l’Orient par l’Occident n’a guère évolué depuis.

Disponible dès à présent sur la boutique en ligne : https://lnkd.in/eKfBiC6S

En librairie à partir du 25 avril 2024 https://lnkd.in/ewdf-4Gn

Les éditions l’Espace d’un instant sont une initiative de la Maison d’Europe et d’Orient, pôle culturel européen – association reconnue d’intérêt général, avec le soutien de la Fondation Jan Michalski, du ministère de la Culture et de la Ville de Paris, et en partenariat avec le Théâtre dans la Forêt.

Contact + 33 9 75 47 27 23 – agence★parlatges.org

Lectures et rencontres au Grand Rond à Toulouse le 6 mai et au TNP Villeurbanne le 31 mai.

Sébastien Gricourt

Sébastien Gricourt, diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales et fréquentant les Balkans dès 1990, débute sa carrière au sein des organisations internationales présentes dans cette région entre 1997 et 2010, avant d’y revenir depuis la fin de l’année 2021. Auteur de nombreux articles, il codirige en 2014 l’ouvrage collectif Kosovo : récits sur la construction d’un État et crée en 2018 l’Observatoire Balkans de la Fondation Jean-Jaurès. Depuis, il a traduit plusieurs auteurs albanophones, dont un recueil de pièces de théâtre de Jeton Neziraj (Vol au-dessus du théâtre du Kosovo – prix 2023 de la traduction du PEN Club – et Une pièce de théâtre avec quatre acteurs, avec quelques cochons, vaches, chevaux, [..], L’Espace d’un Instant, 2020, cotraduites avec Evelyne Noygues) et sa pièce a.y. lan (revue Scènes d’Europe, 2023).

Jeton Neziraj

Jeton Neziraj est né en 1977 au Kosovo. Il est dramaturge et scénariste. Ses œuvres ont été présentées dans une quinzaine de langues en Europe et en Amérique du Nord, du théâtre national d’Istanbul à La MaMa à New York, en passant par le Vidy à Lausanne et le Piccolo à Milan. Il a été directeur du Théâtre national du Kosovo de 2008 à 2011 et dirige actuellement le Qendra Multimedia, principal pôle culturel indépendant de l’espace albanophone, qu’il a fondé en 2002. Censurée en Chine, son œuvre est très impliquée socialement et politiquement.

Lundi 6 mai 2024 à partir de 18 h 00 à Toulouse au théâtre du Grand-Rond. Conférences et lecture par Dominique Dolmieu, Mitia Fedotenko, Alexandra Plays et Valéry Volf.

Théâtre du Grand-Rond

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Rendez-vous avec Michel Fayet

Lycéen, Michel Fayet se remémore de l’élection d’un député poujadiste en janvier 1956 dont l’invalidation donne lieu à une manifestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen. A la tête du cortège qui vilipende la présence de l’extrême-droite dans la ville, Michel Fayet découvre Raymond Badiou, qui n’est rien moins que son professeur de mathématiques en plus d’être le maire socialiste.

Sortie des élèves du lycée en 1957 – Cette photographie provient du fonds André Cros, conservé par les archives municipales de la ville de Toulouse et placé sous licence CC BY-SA 4.0 par la délibération n°27.3 du 23 juin 2017 du Conseil Municipal de la Ville de Toulouse.

En 1957, le lycée de garçons de Toulouse se choisit un nom sur proposition de Raymond Badiou. Il prend le nom du célèbre mathématicien Pierre de Fermat.

Rendez-vous au théâtre

>>> Enjeu contemporain – discussion

18 h 00

Paix contre dictatures ? Sortir de l’impuissance démocratique

Délégué de la France à la Société des Nations, ministre des Affaires étrangères, militant socialiste, Joseph Paul-Boncour fut le promoteur malheureux (et aussi un peu démuni) d’une politique plus résolue face aux remises en cause de l’ordre international par l’Allemagne nazie. Avec le recul, son activité diplomatique et son échec offrent des leçons encore très actuelles sur la capacité des démocraties à imposer le respect des institutions internationales qu’elles fondent.

avec Matthieu Boisdron – Matthieu Boisdron a obtenu en 2021 le prix de thèse de l’Assemblée nationale pour sa biographie de Joseph Paul-Boncour (1873-1972). Il est également rédacteur en chef adjoint du Courrier d’Europe centrale.

>>> Carte blanche – opinion

19 h 00

Europe : comment ne pas subir ? Le combat de l’Ukraine est le nôtre

La guerre a fait prendre conscience aux Européens de leurs faiblesses. Toutes les majorités parlementaires européennes – à l’exception notable de celle de la Hongrie – disent qu’il faut que la Russie se retire des territoires ukrainiens envahis. Avec cette guerre, les Européens doivent faire des choix. Subir le sort d’une puissance sous influence ou se sauver en dessinant les contours d’une nouvelle souveraineté supranationale ?

avec Sébastien Gricourt – Conseiller aux affaires européennes auprès du vice-Premier ministre du Kosovo, il participe de la construction d’un nouvel État démocratique au cœur de l’Europe. Sébastien Gricourt est à l’origine de la création de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean-Jaurès.

>>> Création artistique – lectures

20 h 00

Les négationnistes du génocide au théâtre – Le retour de Karl May

Le texte de Jeton Neziraj confronte le public à l’approche que l’Europe occidentale, avec sa prétendue supériorité, réserve à l’Europe de l’Est. Lorsque Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, remet en question le génocide de Srebrenica, il ne veut pas faire la lumière sur ce crime. Il conteste la vérité afin qu’elle soit niée.

avec Dominique Dolmieu – Dominique Dolmieu a fondé la Maison d’Europe et d’Orient et dirige les Éditions l’Espace d’un instant et anime le Théâtre dans la Forêt. Depuis 2022, il est expert de l’Institut ukrainien de traduction théâtrale.

Lecture par Dominique Dolmieu, Mitia Fedotenko, Alexandra Plays et Valéry Volf.

Théâtre du Grand-Rond

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